Les visages écrasés de Marin Ledun

 

Un volet claque. Mes affaires, déposées en vrac dans le hall d’entrée.
A l’exception du Beretta.
Fascinée, je contemple une nouvelle fois le semi-automatique. L’idée me traverse l’esprit de le retourner contre moi mais, encore une fois, Vincent n’est pas le problème.
Il le sait, je le sais.
Vincent Fournier, 13 mars 2009, mort par balle après ingestion de sécobarbital, m’a tout raconté.
C’est mon métier, je suis médecin du travail.
Ecouter, ausculter, vacciner, notifier, faire remonter des statistiques anonymes auprès de la direction. Mais aussi : soulager, rassurer.
Et soigner.
Avec le traitement adéquat.

Pour être un roman noir c'est un roman noir que signe Marin Ledun. Le roman s'ouvre sur un meurtre. Ici, le lecteur connait le meurtrier dès le départ, pas de suspense de ce côté là. Toute l'originalité du livre réside dans le contexte et l'ambiance qui ont conduit le meurtrier à commettre l'irréparable.

Carole Matthieu est médecin du travail sur une plate forme téléphonique. Dans son bureau se succèdent des salariés qui s'effondrent de semaine en semaine. La cause : la pression, les méthodes managériales plus que douteuses. Carole écoute beaucoup, parfois trop. Elle absorbe le mal être et le malheur, elle alerte sa hiérarchie, la hiérarchie de ses patients, les syndicats, l'ordre des médecins. Rien n'y fait, les tentatives de suicide se multiplient.

L'histoire n'est pas sans rappeler les vagues de suicide de certains salariés de France Telecom qui a secoué les médias il y a quelques mois. L'auteur connait bien le sujet il y a travaillé pendant quelques années. C'est même à se demander si ce qui est dit dans le livre est de la pure fiction ou s'il y a un fond de vérité. A mon avis, il y a beaucoup de vrai.

Au début, l'ambiance m'a fait pensé à Cadres noirs de Pierre Lemaitre pour l'ambiance délétère qui règne dans l'entreprise mais la comparaison s'arrete ici.

Ce roman nous présente encore une autre facette du talent de Marin Ledun qui a bien fait de laisser tomber le télé marketing pour se lancer dans l'écriture

Comments

[Taylor]

@ Cecile : oui je suis sure que son oeuvre te plairait. Tu n'as qu'un mot à dire copine.

[Cecile]

Il faut vraiment que je découvre cet auteur.