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4 octobre 2012

Interview d'Emmanuelle de Boysson

Bonjour Emmanuelle et merci encore de vous prêter au jeu de cette petite interview sans prétention.

EDB



Pourriez-vous vous présenter aux lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?

Emmanuelle de Boysson : Alsacienne, par mon père, Bretonne, par ma mère, je suis l’aînée de mes quatre frères et sœurs. Mathilde Monnier, ma sœur cadette, est chorégraphe. J’ai passé mon enfance au Maroc, à Mohammedia. A 11 ans, la lecture du « Journal d’Anne Frank » a été une révélation : je me suis mise à tenir mon propre Journal – je le poursuis toujours - et à écrire des poèmes, des nouvelles. Deux ans plus tard, nous sommes rentrés en France, à Mulhouse où mon père travaillait dans le textile. A 17 ans, je suis montée à Paris pour faire mes études. Mariée, j’ai trois enfants ; je vis dans le 7e arrondissement. Formatrice en relations humaines puis comédienne, ma passion pour la littérature et l’écriture a tout emporté. J’ai publié des livres sur ma famille, des essais. Mes « Grandes bourgeoises » et mes « Nouvelles provinciales » parues chez Lattès, ont bien marché. Ma trilogie « Le temps des femmes » est une belle aventure. J’ai été pigiste à Paris-Match ; L’Express, Femmes, VSD ; je fais actuellement des chroniques de livres à Marie Claire, à Service littéraire et à BSC news. Il y a sept ans, avec une bande d’amies, nous avons crée le Prix de la Closerie des Lilas dont je suis présidente. Au printemps, nous couronnons un roman de femmes. Une belle histoire d’amitié, de solidarité.

Comment vous est venue l’idée d’écrire la saga « Le temps des femmes » ?

E. de B. : Mon éditeur, Guillaume Robert, a eu l’intelligence de tirer le fil rouge qui parcourt mes romans et mes engagements : les femmes, leur psychologie, leur désir de liberté, de création. « Le Prix de la Closerie des Lilas ressemble aux salons littéraires du XVIIe siècle. Cette époque te correspond », m’a-t-il dit. Lorsqu’il m’a proposé d’écrire une trilogie sur trois artistes, l’idée m’a emballée. J’avais déjà publié une biographie sur une Normande partie convertir les Indiens en 1639, « L’amazone de la foi ». J’ai rédigé un synopsis, quatre chapitres. L’aventure a commencé comme ça. Je me suis sentie très vite à l’aise parmi les Précieuses – pas si ridicules. J’ai imaginé une Bretonne de Locronan, berceau de ma famille, côté Daniélou. Une provinciale qui monte à Paris et s’introduit, comme moi, dans le monde littéraire. J’ai voulu que sa fille Blanche soit comédienne : je l’ai été. Le recul du temps m’a libéré, m’a donné plus d’audace. J’avais envie de mettre l’accent sur le combat des femmes : mes héroïnes veulent réussir dans un monde de brutes. Je me suis documentée, j’ai écrit un scénario à rebondissements en mêlant romanesque et histoire : l’affaire des poisons, les rivalités entre les théâtres, les conspirations, les manœuvres des maîtresses du roi, autant de scènes croustillantes, de caractères fascinants : un vivier pour une romancière.


Raconter la grande Histoire par le biais de vos personnages facilite l’engouement pour la matière selon vous ?


E. de B. : La fiction est le plus court chemin vers l’histoire. D’excellentes biographies, comme celle de Marie-Antoinette de Zweig, ont l’art de brosser des portraits dans leur complexité, mais le roman, par ses intrigues, l’identification du lecteur aux héros suscite des émotions plus puissantes que les essais. Il permet d’entrer de plein pied dans une époque, de la comprendre, de vibrer, de vivre au jour le jour les amours, les drames de personnages mêlés aux tourbillons de l’histoire. Je termine actuellement la rédaction d’ « Oublier Marquise ». Dans ce troisième volet, la fille de Blanche, peintre, amoureuse de Watteau, traverse la fin du règne de Louis XIV et les débuts de la Régence. J’ai relu avec bonheur « Le Chevalier d’Harmental », d’Alexandre Dumas. Un formidable roman qui vous entraîne dans la conspiration dont fut victime Philippe d’Orléans. Jacques Laurent, auteur de « Caroline chérie » et Anne Golon, de « La marquise des anges », ont, eux aussi, rendu l’histoire vivante et avec quel talent !
Je ne suis pas historienne. Très documentée, je respecte la vérité historique, je me sers des événements sans m’appesantir, je modernise le style. Mon seul souci est que le lecteur ne s’ennuie pas et prenne du plaisir à me lire. L’imagination rejoint parfois la réalité. La fiction, c’est l’esprit d’une époque : les conversations, la peur des microbes, le bouillonnement des idées… Une évasion, un voyage dans le temps, comme si on y était. Quoi de plus amusant que d’assister à un souper, de décrire les vêtements, les ruelles crasseuses du vieux Paris, les carrosses, les ambiances. De sentir les odeurs– dans les châteaux, ça puait la sueur, le moisi, la pisse. On se parfumait, on se poudrait, on se mettait du rouge aux joues pour détourner l’attention : la plupart des gens étaient édentés ! Les sentiments sont intemporels. Je me sers de mes émotions, de mes émotions, de mes souvenirs, d’analogies pour mettre en scène l’attrait pour les pouvoirs occultes, l’ambition des favorites, la peur de déplaire ou le désir de la scène. Par la magie d’une trame romanesque, l’attachement aux personnages, le roman historique suscite l’enthousiasme pour une période de l’histoire.


Emilie et Blanche sont deux personnages à la fois fort et fragile, étaient –elles en avance sur leur temps ?

E. de B. : Emilie et Blanche sont de leur temps. Elles vivent parmi les Précieuses, les amazones, les comédiennes. Elles partagent les idées, les combats de ces pionnières. Les Précieuses étaient contre le mariage, pour l’amitié hommes/ femmes, pour la garde alternée ! Dans les salons, elles ont distillé l’art de la conversation, ont réformé la langue. Pendant la Fronde, des duchesses, des princesses ont soulevé la Normandie, pris Orléans, fait le siège de Paris. Madame de Maintenon a crée Saint-Cyr pour y éduquer des jeunes nobles désargentées. Des féministes avant l’heure. Mes héroïnes incarnent la complexité de cette époque où les femmes devaient se soumettre : mariages arrangés, naissances nombreuses, aucun droit politique. Emilie est obligée d’épouser un vieux manchot. Elle ne peut divorcer ; son mari la force à cacher sa fille, l’enfant du péché. Blanche est plus libre, mais le roi refuse de reconnaître sa fille : elle n’a d’autre choix que de vivre à la Cour, dans l’espoir qu’il la légitimera, qu’il la dotera.
Emilie, Blanche et Marquise sont des battantes. Elles suivent leur instinct. Attirées par la lumière, elles aiment, elles ont des chagrins d’amour. Femmes d’aujourd’hui, elles nous ressemblent.

Que diriez-vous à une jeune fille d’aujourd’hui dont les rêves sont similaires à ceux de vos personnages ?

E. de B. : Je lui dirai de croire en ses rêves. De les réaliser, avec patience, courage et ténacité.

Pour terminer, un mot pour vos lecteurs ?

E. de B. J’ai pris beaucoup de plaisir, une sorte de jubilation à écrire « le salon d’Emilie » (J’ai lu), « La revanche de Blanche » (Flammarion) et « Oublier Marquise » qui sort chez Flammarion en avril 2013. J’espère que vous en prendrez aussi. Je vous souhaite beaucoup de plaisir. Bonne lecture.


Merci encore une fois Emmanuelle et amis lecteurs, si vous ne connaissez pas encore son œuvre, jetez vous sans plus attendre sur les Salons d’Emilie  et la revanche de Blanche pour vous faire une idée.

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Commentaires
T
@ Cécile : de rien copine ce fut un plaisir et en plus je n'ai pas fait grand chose pour la mériter.
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C
Merci, Copine, pour cette très belle interview.
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Totalybrune
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